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VIII

LES CHOSES SE COMPLIQUENT


Bellombre, le lendemain de la représentation, tira Blazius à part, et desserrant les cordons d’une longue bourse de cuir, en fit couler dans sa main comme d’une corne d’abondance cent belles pistoles qu’il rangea en pile à la grande admiration du Pédant, qui restait contemplatif devant ce trésor étalé, roulant des yeux pleins de lubricité métallique.

Avec un geste superbe, Bellombre enleva les pistoles d’un seul coup et les plaqua dans la paume de son vieil ami. « Tu penses bien, dit-il, que je ne déploie pas cette monnaie pour irriter et titiller tes convoitises à la mode de Tantale. Prends cet argent sans scrupule. Je te le donne ou te le prête si tes fiertés se hérissent à l’idée de recevoir un régal d’un ancien camarade. L’argent est le nerf de la guerre, de l’amour et du théâtre. D’ailleurs ces pièces étant faites pour rouler, vu qu’elles sont rondes, s’ennuient de rester couchées à plat dans l’ombre de cette escarcelle où, à la longue, elles se couvriraient de barbe, rouille et fongosités. Ici je ne dépense rien, vivant à la rustique et tétant à la mamelle de la terre, nourrice des humains. Donc cette somme ne me fera pas faute. »