Aller au contenu

Page:Gautier - Le capitaine Fracasse, tome 1.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
348
LE CAPITAINE FRACASSE.

— Il n’en est nul besoin, répondit Vallombreuse ; votre parole me suffit, j’accepte le duel ; M. le chevalier de Vidalinc, mon ami, sera mon second. Veuillez vous entendre avec lui. Toutes armes et toutes conditions me sont bonnes. Aussi bien ne serais-je pas fâché de voir si le baron de Sigognac sait aussi bien parer les coups d’épée que le capitaine Fracasse les coups de bâton. La charmante Isabelle couronnera le vainqueur du tournoi, comme aux beaux temps de la chevalerie. Mais souffrez que je me retire. M. de Vidalinc, qui occupe un appartement dans l’hôtel, va descendre, et vous vous entendrez avec lui du lieu, de l’arme et de l’heure. Sur ce, beso a vuestra merced la mano, caballero. »

En disant ces mots, le duc de Vallombreuse salua avec une courtoisie étudiée le marquis de Bruyères, souleva une lourde portière de tapisserie et disparut.

Quelques instants après, le chevalier de Vidalinc vint rejoindre le marquis ; les conditions furent bientôt réglées. On choisit l’épée, arme naturelle des gentilshommes, et la rencontre fut fixée au lendemain, Sigognac ne voulant pas, s’il était blessé ou tué, faire manquer la représentation annoncée par toute la ville. Le rendez-vous fut pris à un certain endroit hors des murs, dans un pré fort apprécié des duellistes de Poitiers pour sa solitude, fermeté de terrain et commodité naturelle.

Le marquis de Bruyères retourna à l’auberge des Armes de France et rendit compte de sa mission à Sigognac, qui le remercia chaleureusement d’avoir si