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LE CAPITAINE FRACASSE.

criment, dit le chevalier de Vidalinc au marquis de Bruyères ; il fait bien froid ce matin, battons-nous un peu, ne fût-ce que pour nous réchauffer.

— Bien volontiers, dit le marquis, cela nous dégourdira. »

Vidalinc était supérieur au marquis de Bruyères en science d’escrime, et au bout de quelques bottes, il lui fit sauter l’épée de la main par un lié sec et rapide. Comme aucune rancune n’existait entre eux, ils s’arrêtèrent de commun accord, et leur attention se reporta sur Sigognac et Vallombreuse.

Le duc, pressé par le jeu serré du Baron, avait déjà rompu de plusieurs semelles. Il se fatiguait, et sa respiration devenait haletante. De temps en temps des fers froissés rapidement jaillissait une étincelle bleuâtre, mais la riposte faiblissait devant l’attaque et cédait. Sigognac, qui, après avoir lassé son adversaire, portait des bottes et se fendait, faisait toujours reculer le duc.

Le chevalier de Vidalinc était fort pâle et commençait à craindre pour son ami. Il était évident, aux yeux de connaisseurs en escrime, que tout l’avantage appartenait à Sigognac.

« Pourquoi diable, murmura Vidalinc, Vallombreuse n’essaye-t-il pas la botte que lui a enseignée Girolamo de Naples et que ce Gascon ne doit pas connaître ? »

Comme s’il lisait dans la pensée de son ami, le jeune duc tâcha d’exécuter la fameuse botte, mais au moment où il allait la détacher par un coup fouetté, Si-