Page:Gautier - Le capitaine Fracasse, tome 2.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
LE CAPITAINE FRACASSE.

quant à la pièce, il en laisse le choix à votre goût et commodité.

— L’Illusion comique, dit Hérode, d’un jeune auteur normand qui promet beaucoup, est ce qu’il y a de plus nouveau et de plus couru en ce moment.

— Va pour l’Illusion comique : les vers n’en sont point méchants et il y a un rôle de Matamore superbe.

— À présent, il ne reste plus qu’à nous indiquer, d’une façon précise à ce que nous ne puissions errer, les site et plantation du château avec le chemin à suivre pour y parvenir. »

L’intendant du comte de Pommereuil donna des renseignements si exacts et si détaillés qu’ils eussent suffi à un aveugle tâtant la terre de son bâton ; mais craignant sans doute que le comédien une fois en route ne se rappelât plus bien nettement ces : allez devant vous, puis tournez à droite et ensuite prenez à gauche, il ajouta : « Ne chargez pas votre mémoire, obstruée des plus beaux vers de nos meilleurs poëtes, de si vulgaires et prosaïques notions ; j’enverrai un laquais, lequel vous servira de guide. »

L’affaire ainsi conclue, le vieillard se retira avec force salutations qu’Hérode lui rendait, et qu’après la courbette du comédien il réitérait en s’inclinant plus bas. Ils avaient l’air de deux parenthèses prises de la danse de Saint-Guy, et se trémoussant l’une vis-à-vis l’autre. Ne voulant pas être vaincu en ce combat de politesse, le Tyran descendit l’escalier, traversa la cour et ne s’arrêta que sur le seuil, d’où il adressa au bon-