Page:Gautier - Le capitaine Fracasse, tome 2.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
242
LE CAPITAINE FRACASSE.

désordre d’une action violente, au milieu de ces bruits d’armes à feu, ne prit pas garde à elle, d’autant plus qu’elle se dissimula bien vite dans un angle obscur de cette vaste salle, assez faiblement éclairée par une lampe posée sur une crédence.

« Misérables, où est Isabelle ? cria Sigognac en voyant que la jeune comédienne n’était pas là ; j’ai tout à l’heure ouï sa voix.

— Vous ne nous l’avez pas donnée à garder, répondit Malartic avec le plus beau sang-froid du monde, et nous sommes d’ailleurs d’assez mauvaises duègnes. »

Et, en disant ces mots, il fondait l’épée haute sur le Baron, qui le reçut de la belle manière. Ce n’était pas un adversaire à dédaigner que Malartic ; il passait, après Lampourde, pour le gladiateur le plus adroit de Paris, mais il n’était pas de force à lutter longtemps contre Sigognac.

« Veillez à la fenêtre tandis que je m’occupe avec ce compagnon », dit-il tout en ferraillant, à Piedgris, Tordgueule et Bringuenarilles, qui rechargeaient leurs pistolets en toute hâte.

Au même instant un nouvel assiégeant débusqua dans la chambre en faisant le saut périlleux. C’était Scapin à qui son ancien métier de bateleur et de soldat donnait des facilités singulières pour ces sortes d’ascensions obsidionales. D’un coup d’œil rapide, il vit que les mains des bretteurs étaient occupées à verser de la poudre et des balles dans leurs armes, et qu’ils avaient déposé leurs épées à côté d’eux ; aussi