est illustre et riche. L’amant d’Isabelle doit être le mari de la comtesse de Lineuil.
— Mais, répondit Sigognac, elle m’a toujours obstinément refusé lorsqu’elle pouvait croire à mon absolu désintéressement.
— Délicatesse suprême, susceptibilité angélique, pur esprit de sacrifice, elle craignait d’entraver votre sort et de nuire à votre fortune ; mais cette reconnaissance a renversé la situation.
— Oui, c’est moi qui maintenant serais un obstacle à sa haute position. Ai-je le droit d’être moins dévoué qu’elle ?
— Aimez-vous toujours ma sœur ? dit le duc de Vallombreuse d’un ton grave ; j’ai, comme frère, le droit de vous adresser cette question.
— De toute mon âme, de tout mon cœur, de tout mon sang, répondit Sigognac ; autant et plus que jamais homme ait aimé une femme sur cette terre, où rien n’est parfait, sinon Isabelle.
— En ce cas, monsieur le capitaine de mousquetaires, bientôt gouverneur de province, faites seller votre cheval et venez avec moi à Vallombreuse pour que je vous présente dans les formes au prince mon père et à la comtesse de Lineuil ma sœur. Isabelle a refusé pour époux le chevalier de Vidalinc, le marquis de l’Estang, deux fort beaux jeunes gens, ma foi ; mais je crois que, sans se faire trop prier, elle acceptera le baron de Sigognac. »
Le lendemain, le duc et le baron cheminaient botte à botte sur la route de Paris.