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L’ÎLE DÉSERTE




Ce soir-là, le sourcil contracté, la bouche gonflée par une moue furieuse, je traînai un sac de cuir et une épaisse couverture de laine sur le pont de l’Imogène et je me couchai avec des mouvements maussades, le corps dans la couverture, la tête sur le sac.

Depuis que l’Imogène avait quitté Le Havre pour se rendre à New-York, c’est-à-dire depuis sept jours, je n’avais pas eu précisément ce qu’on est convenu d’appeler le mal de mer. Je ne m’étais vu que deux ou trois fois réduit à de regrettables extrémités ; j’avais seulement été la proie d’un malaise vague, indéfinissable ; mais ce soir-là la marche assurément bizarre de l’Imogène, ayant