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les cruautés de l’amour

Les paysans s’assirent sur des escabeaux, le jeune homme resta debout.

— Tu ne m’avais pas parlé de ce garçon-là, dit Clélia en regardant André avec curiosité. Et elle ajouta intérieurement : Quel dommage ! un moujik avoir une telle mine, pendant que tant de seigneurs ressemblent à de vrais sapajous !

Le jeune homme, un peu embarrassé, alla allumer un samovar pour préparer du thé.

— Peut-être la barynia n’aimera pas le thé que nous buvons, dit Catherine.

— Je suis très-difficile en effet pour cette boisson, dit Clélia ; mais j’ai dans ma valise du thé de Caravane. Ton fils s’appelle André ? dit-elle à Ivan.

— André Ivanovitch.

— Androwcha, dit-elle au jeune homme, vois donc derrière le traîneau, il y a une valise et une malle. Prends la valise.

André sortit et revint bientôt avec la valise qu’il posa sur la table. La jeune comtesse ôta d’un seul mouvement son gant fourré et secoua un peu ses doigts blancs comme du lait, dont l’un était orné de deux bagues, enchâssant l’une un diamant, l’autre une large turquoise. Elle prit une petite clef et ouvrit la valise.

Tandis qu’elle fouillait à travers mille objets qui