devenir assez brave ; en somme il était seul, nu et sans armes.
Il avançait. Il n’était plus qu’à dix pas.
— Dieu ! m’écriai-je, c’est pis qu’un anthropophage ; c’est un Peau-Rouge.
En effet, il semblait un homard cuit à point.
— L’affreux homme ! dit milady, qui essayait de l’apercevoir à travers les feuillages.
Tout à coup le Peau-Rouge se débattit avec un cri étouffé, le sac venait de lui tomber sur la tête et si habilement jeté qu’il lui descendit jusqu’aux chevilles.
— Bravo ! dit Juliette.
D’un bond je fus à terre, je renversai l’ennemi, et poussant ses pieds dans le sac, je l’enfermai solidement, milady vint me rejoindre.
— Vous êtes un héros ! me dit-elle en m’embrassant.
À vrai dire, j’étais de son avis, et je considérai même Alexandre et César comme d’assez vulgaires personnages.
Nous nous assîmes parterre.
— Ma reine bien-aimée, dis-je majestueusement, si les indigènes viennent un à un, ou même deux à deux, nous sommes sauvés. Que pensez-vous que nous devions faire de notre captif ?
— Si nous le mangions ? dit-elle, en riant.