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les cruautés de l’amour

Le lendemain il allait repartir comme la veille pour passer la journée loin de la ferme lorsque sa mère l’arrêta comme il se mettait en selle.

— Reste, André, lui dit-elle, la demoiselle était toute soucieuse hier, j’ai peur qu’elle ne soit souffrante, elle a besoin de sortir un peu, tu attelleras le traîneau.

— Fedor le fera et promènera la demoiselle.

— Mais peut-être aime-t-elle mieux que ce soit toi.

— Pourquoi donc, ma mère ? s’écria André ; Fédor sait conduire les chevaux aussi bien que moi.

Et il lâcha la bride à son cheval qui partit au galop. En s’éloignant, le jeune homme éprouva un affreux serrement de cœur ; il fut sur le point de revenir en arrière ; mais il triompha de cette faiblesse et s’enfonça dans le bois.

Le soir, Clélia ne lui parla pas. Elle avait refusé de sortir et semblait triste. André se sentit une sorte de remords. Le lendemain, il resta.

— Voulez-vous faire un tour en traîneau ? dit-il à la jeune fille après le premier repas.

— Je devrais te refuser, dit-elle, mais j’ai envie de voir la neige. Allons !

Ils partirent.

André s’aperçut que les deux jours qui venaient