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les cruautés de l’amour

Le jeune homme essaya de voir dans le jardin à travers les branches ; mais les feuillages formant un rideau épais, il ne vit rien. Alors il frappa ses mains l’une contre l’autre, faiblement d’abord, puis plus fort.

À ce signal, le taillis frissonna, et une jeune fille se montra, ne laissant voir que sa jolie tête, qui faisait une trouée dans le feuillage.

— C’est toi, Li-Tso-Pé ? dit-elle avec un sourire plein d’amour.

— Lon-Foo, dit Li-Tso-Pé rapidement, va près du tombeau de tes ancêtres, je t’y rejoindrai ; prends par la rue des Lions-de-Fer ; je prendrai un autre chemin.

— J’y cours ! dit Lon-Foo effrayée par l’air de tristesse empreint sur le visage de Li-Tso-Pé.

Le jeune homme s’éloigna d’un pas rapide et gagna le cimetière. Il y arriva bien avant la jeune fille et s’assit sur une tombe, au pied d’un cavalier de pierre.

De toutes parts, sur les tombes, on voyait des cavaliers semblables à celui auprès duquel Li-Tso-Pé s’était arrêté. Les quatre pieds des chevaux étaient fixés en terre et disparaissaient à demi sous les hautes herbes. Les guerriers étaient représentés en habits de combat, brandissant leurs lances. On voyait aussi de grandes avenues bordées de