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Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/177

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en excepte la littérature ancienne, poète qui parle toujours de vers et de rime et jamais de poésie, adroit arrangeur qui n’a peut-être pas dans toute son œuvre quatre lignes qui lui appartiennent en propre ; satirique sans portée, qui ne voit pas d’autres crimes au monde et d’autres vices à flageller que des fautes de français ou de vers discordants : aussi en parle-t-il d’un ton fort dédaigneux dans son Art poétique. — Il est vrai que, par compensation, il lui accorde dans ses Réflexions sur Longin assez de génie pour les ouvrages de débauches, mais c’est comme à regret.

Quoiqu’il en soit, Saint-Amant est à coup sûr un très-grand et très-original poète, digne d’être cité entre les meilleurs dont la France puisse s’honorer. Sa rime est extrêmement riche, abondante, imprévue et souvent inespérée. — Son rhythme est nombreux, habilement soutenu et ménagé. — Son style est très-varié, très-pittoresque, très-imaginé, quelquefois sans goût, mais toujours amusant et neuf. Par l’analyse et les citations nous ferons voir quel cachet et quelle tournure il sait imprimer aux moindres choses. Mais, avant de passer à l’appréciation littéraire, il serait bon d’en finir, une fois pour toutes, avec les détails biographiques. — Il ne nous reste heureusement plus grand’chose à dire.

Saint-Amant ne savait pas à fond son grec ni son latin, comme il le dit lui-même ; en revanche, il possédait parfaitement l’anglais, l’espagnol et l’italien ; il était, en outre, très-bon musicien et jouait bien du luth. — Théophile dit de lui :