quelque largesse à faire, quelque nouvelle pension à émarger (Scarron en touchait déjà une de la reine), il fit la sourde oreille, et trompa les espérances que le poète avait fondées sur sa dédicace.
L’admiration de Scarron pour le grand Jules fut immédiatement calmée, et il se fit dans sa manière d’apprécier le ministre écarlate une révolution complète. Ce fut dans cette disposition d’esprit qu’il fit la Mazarinade ; il est difficile d’aller plus loin en fait d’invectives et d’ordures : c’est du Juvénal, moins l’indignation honnête. À ne la considérer que sous le rapport littéraire, cette pièce, qui est fort longue, contient des morceaux très-remarquables de verve et d’esprit, mais de cet esprit affreux dont Catulle étincelle dans ses épigrammes contre Mamurra. Il lui reproche, entre autres crimes, et c’est sans doute le plus noir à ses yeux, d’avoir sa bourse fermée à ces gueux qu’on appelle poètes, si chéris du feu rouge-bonnet Richelieu, qui craignait sur toute chose de voir ses beaux faits ternis par ces divins affamés ; il lui reproche le ballet d’Orphée, où tout le monde dormit, sa musique de châtrés, ses courtisanes, ses gardes, ses deux cents robes de chambre, ses extraits d’ambre et de musc, son jeu de hoc, ses amours doubles, où il se montre
et mille peccadilles du même genre, dont le cardinal, habitué
aux licences des pamphlets, ne se fût pas autrement
inquiété, lui qui avait pris pour devise : Qu’ils chantent,
pourvu qu’ils payent ! Mais Scarron ne s’en était pas tenu
là ; il avait raconté une aventure qui touchait au vif le