Page:Gautier - Les Peuples étranges, G. Charpentier, 1879.djvu/16

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était donc en possession d’une intelligence au moins égale à la nôtre. Qu’eût-il fait, d’ailleurs, sans cette part divine qui lui était échue ? La nature, si prévoyante d’ordinaire, le déshérite complètement : tandis que les animaux sont par elle chaudement vêtus, pourvus de griffes et de dents formidables, elle le laisse nu et sans armes au milieu d’une population de bêtes féroces. Il n’avait pas encore d’ancêtres, on ne lui avait donc légué aucune connaissance, et c’est lui qui, lorsqu’il se baissa pour ramasser un éclat de silex avec l’idée de s’en faire une arme, travailla le premier pour l’humanité.

La pensée était née, tout était dit, l’homme était le maître du monde, et à peine savait-il façonner cette pierre qui était pour lui arme et outil, que déjà son esprit s’élevait au point de concevoir cette sublime espérance d’une vie future, de l’immortalité de l’âme ! Oui, dès que les yeux de l’homme reflétèrent la lumière, il les leva vers le ciel et chercha quelque chose au-dessus de lui, hors du monde. Cette affirmation, comme on le sait, s’appuie sur des faits. Bien qu’aucune tradition de ces temps fabuleusement lointains ne soit venue jusqu’à nous, les détails ne nous manquent pas sur les mœurs de ces antiques familles. Comme nous le disions plus haut, la terre conserve dans son sein de mystérieuses