Aller au contenu

Page:Gautier - Les Princesses d’Amour.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
LES PRINCESSES D’AMOUR

son manteau, dans un mouvement coquet qui fit mieux valoir la grâce de son corps souple. Avec une effusion attendrie, elle s’agenouilla près du prince, en creusant de son coude la soie d’un coussin brodé, et elle lui dit, d’une voix tremblante d’émotion :

— Ô mon seigneur ! vous ne savez pas que vous me sauvez la vie ! Si un autre était là, à votre place, ou si vous n’aviez pas ce visage charmant, ce regard de velours et de flamme, je n’aurais pas vécu jusqu’à la fin de cette nuit… Je me suis déjà refusée tant de fois !… C’était mon droit ; mais il a des limites pourtant, et la nuit suprême était cette nuit-ci. Plutôt que de céder avec répugnance, j’avais choisi de mourir. C’est si peu de chose, n’est-ce pas, la vie d’un