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LES PRINCESSES D’AMOUR

cendie du palais de mes parents. Les voleurs m’apportèrent à Tokio, cette ville immense où l’on peut si bien se cacher, et ils me vendirent à une ancienne courtisane, mariée et propriétaire de plusieurs Maisons Vertes dans l’enceinte du Yosi-Wara. On me fit élever dans une retraite profonde, avec un soin et un luxe extraordinaires, prodiguant l’argent, aux professeurs les plus célèbres ; on me soigna comme une fleur ; on me para comme une idole, ornant mon esprit autant que mon corps ; mais la moindre dépense était portée sur un registre, et tout cet or forgeait, peu à peu, à ma liberté, une chaîne formidable, impossible à rompre jamais. Quand j’eus l’âge de comprendre, on me révéla ma destinée. Alors, je faillis