Page:Gautier - Les Vacances du lundi, Charpentier, 1888.djvu/14

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Épinal se rattache d’ailleurs à l’art. Jadis, des Byzantins, plus naïfs que ceux du mont Athos, y plaquaient de rouge, de bleu et de jaune les grossières gravures sur bois représentant la Madone de Lorette, le Juif errant, Saint Hubert et le Cerf miraculeux, Pyrame et Thisbé, les Quatre Fils Aymon, Geneviève de Bradant, et autres sujets éternellement populaires. Fasse le ciel que la civilisation n’amène pas la décadence dans cette industrie primitive en la voulant perfectionner ! Le progrès enlèverait tout caractère à ces images.

D’Épinal à Plombières il y a deux routes : l’une que prennent les voitures publiques emportant les gens pressés, et l’autre où chemine plus volontiers l’artiste amoureux des beautés naturelles. Celle-là suit la vallée de Tendon pour mener à Remiremont, dernière étape de la journée.

En sortant d’Épinal, le pays n’est pas très accidenté. Quelques bouquets d’arbres d’un assez bel effet rompent à propos la monotonie des cultures ; mais bientôt le mouvement du terrain s’accentue, et, à partir de la tranchée Docelle, vous apercevez la chaîne des Vosges. Dès lors, le spectacle du paysage devient plein d’intérêt.

Avant d’arriver à Tendon vous traversez le Chenimesnil, et vous commencez à sentir les premières ondulations des hautes montagnes boisées