Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/147

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comme il faut me ferait attendre six mois, et ne me donnerait qu’avec force tartines sur la morale, les convenances et l’oubli des devoirs. Puisque le but est le même, le chemin le plus court est le meilleur. Mariette est le plus court, je prends par Mariette.

Et puis je n’aime pas qu’on se fasse violer pour une chose qu’on crève d’envie de faire : c’est une misérable escobarderie pour esquiver la responsabilité. Les honnêtes femmes sont toujours violées. Vous êtes des hommes sans honneur ! vous en avez au contraire beaucoup, puisque vous leur prenez le leur, ce qui, avec le vôtre, doit mathématiquement en faire deux, si je sais bien compter. On a abusé indignement de leur faiblesse ; elles ne savent pas comment cela s’est fait ! ni moi non plus, attendu que je n’y étais pas. Mais enfin, puisque cela est fait, elles ne voient pas d’obstacle à recommencer, et elles ne sont pas fâchées de se perdre plusieurs fois de suite, étant toujours sûres de se retrouver après. Les bonnes âmes ! on n’en a jamais mis dans les Petites Affiches, que je sache.

De plus, il vous arrive souvent avec elles ce qui arrive dans les pagodes indiennes : après avoir traversé une enfilade de pièces de la plus grande magnificence, après avoir marché deux heures dans des galeries peintes et dorées, après avoir vu vingt portes s’ouvrir et se fermer sur vous, vous parvenez enfin au sanctuaire, au saint des saints, et vous n’y trouvez qu’un vieux singe rogneux, se cherchant