Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/149

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ramasse votre mouchoir au lieu de vous faire ramasser le sien, et refait toute seule le lit que vous avez défait avec elle. Ni billets à écrire, ni élégies à rimer, ni factions à faire, ni rendez-vous à ne pas manquer, rien enfin de ces mille sujétions qui vous font un travail de galérien de la chose la plus nonchalante et la moins compliquée de la terre.

La Mariette, qui me sait indolent et qui est une fille courageuse et ne craint pas la peine, y met beaucoup du sien, et ne me laisse presque rien à faire. Je m’accommode assez de ce régime et j’ai, sans sortir de chez moi, ce que les coureurs d’aventures vont chercher bien loin, au péril de leurs os et de leur escarcelle.

Au fond, il n’y a rien de sûr en amour que la possession : le plus petit baiser prouve plus et vaut mieux que la plus belle protestation et je donnerais, moi qui te parle, pour une seule pulsation du cœur, la plus magnifique tirade sur l’union des âmes et autres niaiseries de cette force, bonnes pour des écoliers, des impuissants, des lamentateurs de l’école de Lamartine, et quelques idiots de haute futaie, comme toi, ou d’autres.

Retiens ceci, et serre-le dans un des tiroirs de ton jugement, pour t’en servir à l’occasion : Toute femme en vaut une autre, pourvu qu’elle soit aussi jolie : la duchesse et la couturière sont semblables à de certains moments, et la seule aristocratie possible maintenant chez les femmes, c’est la beauté ; chez les hommes, c’est le génie. Aie du génie et