Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

page 152. Allons, flambart, ouvre le bec et avale ; tu ne voudrais pas faire manquer la scène pour si peu, et chagriner le plus tendre de tes amis. Après tout, ce n’est pas si mauvais une serviette ; quand une fois tu t’y seras mis, tu en redemanderas toi-même, et tu ne voudras plus manger autre chose.

(Voyant qu’il sème en vain les fleurs de sa rhétorique, il passe de la parole à l’action. Rodolphe crie et se débat.)

rodolphe. — Que quatre-vingts diables te sautent au corps ! mille tonnerres ! sacré nom de Dieu ! (Ici Roderick, profitant de l’hiatus occasionné par l’émission de cet horrible jurement, lui fourre subtilement une demi-aune de serviette dans le gosier.)

l’un. — Il étouffe ; laisse-le tranquille.

l’autre. — Qu’il tienne seulement le bout de la serviette dans sa bouche, cela suffira pour conserver le caractère.

philadelphe. Il a manqué d’avaler sa langue avec la serviette ; il n’y aurait pas eu grand mal.

théodore. — Pardieu ! c’est ici et non autre part que je dois jeter en l’air une pièce de cent sous, pour savoir s’il y a un Dieu. (Il fouille dans sa poche.) Je ne trouverai pas une scélérate de pièce. Je m’en vais rater ma scène. Ô mon Dieu (Il fouille dans son gilet.) Rien, je n’ai pas seulement sur moi un gredin de sou marqué pour empêcher que le Diable m’emporte.

albert. — Qu’est-ce que tu cherches donc comme