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UNE VISITE NOCTURNE

J’ai un ami, je pourrais en avoir deux ; son nom, je l’ignore, sa demeure, je ne la soupçonne pas. Perche-t-il sur un arbre ? se terre-t-il dans une carrière abandonnée ? Nous autres de la Bohème, nous ne sommes pas curieux, et je n’ai jamais pris le moindre renseignement sur lui. Je le rencontre de loin en loin, dans des endroits invraisemblables, par des temps impossibles. Suivant l’usage des romanciers à la mode, je devrais vous donner le signalement de cet ami inconnu ; je présume que son passe-port doit être rédigé ainsi « Visage ovale, nez ordinaire, bouche moyenne, menton rond, yeux bruns, cheveux châtains ; signes distinctifs : aucun. » C’est cependant un homme très-singulier. Il m’aborde toujours en criant comme Archimède « J’ai trouvé ! » car mon ami est un inventeur. Tous les jours, il fait le plan d’une machine nouvelle. Avec une demi-douzaine de gaillards pareils, l’homme