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MUSIQUE JAPONAISE

ment et accomplit, dans les règles prescrites, le harakiri, c’est-à-dire qu’il s’ouvre le ventre, puis se coupe la gorge, avec le couteau taché du sang de Késa, et il meurt auprès de celle qu’il aime.

FIN


Quant à la musique qui accompagne les danses, ou est jouée sur le gotto, il est bien difficile d’en faire l’éloge. La musique japonaise procède de la musique chinoise ; mais elle semble ici très dégénérée. On n’entend que maigres grincements, voix étranglées. miaulements de détresse. Cependant, lorsqu’on est parvenu à noter la mélodie, elle apparaît plus jolie et mieux construite qu’on ne croyait. C’est que les instruments japonais qui l’exécutent sont particulièrement ingrats : Chamisen, Biva, Gotto ou Kokiou ne sonnent pas mieux l’un que l’autre.

D’ailleurs, le Japon moderne s’inquiète peu de voir péricliter sa musique nationale ; tous les régiments ont leur orchestre à l’européenne, et on joue des airs d’opérettes françaises dans le palais impérial.

Amateratzu, la déesse Soleil, qui, irritée contre les hommes, s’était cachée dans une caverne et n’en sortit que séduite par les sons de la musique, ne semble pas offusquée par les harmonies nouvelles qui violent la tradition, puisqu’elle ne s’enfuit pas de nouveau et continue d’éclairer l’empire du Soleil Levant.


Judith Gautier.