Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/132

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haut. Des portes basses, mystérieuses, s’entre-bâillent à demi et les dormeurs couchés le long des murs se secouent dans leur burnous. Les Biskris, portant leurs vases de cuivre, vont chercher l’eau des fontaines ; les négresses, enveloppées de leurs haïks quadrillés de blanc et de bleu, s’accroupissent sur quelque marche à côté de leurs pains en forme de galette ; le marchand croise ses talons au fond de l’alcôve qui lui sert de boutique, après avoir arrangé en pile ses pastèques et ses bottes de piment.

De rampe en rampe, nous gagnons la Casbah, non sans effleurer du coude quelque Moresque empaquetée dans son domino de mousseline, et faire rentrer derrière le grillage des petites lucarnes arabes plus d’une tête curieuse et furtive ; puis, rassuré à l’endroit de la couleur locale, nous redescendons vers la ville moderne. Alger n’est pas encore tout à fait une Marseille africaine. Plus d’un Fromentin peut y trouver des modèles.

Le soleil du 15 août se leva au bruit des salves d’artillerie qui annonçaient les solennités du jour. L’Algérie, pour célébrer dignement avec toute la France la fête de l’empereur, ajoutait au programme des réjouissances ordinaires l’inauguration de son premier chemin de fer. Cette première ligne de rails, qui réunit Alger à