Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’azur profond de la nuit et laissaient retomber leurs paillettes lumineuses. Une retraite aux flambeaux avec musique arabe d’un merveilleux effet termina pittoresquement la fête.

________

Maintenant, en attendant que le Thabor, qui doit nous ramener, ait chauffé sa machine, reprenons nos courses à travers la ville et aux environs. Revoyons Birkadem, le vallon de la Femme sauvage ; la Bouzareah avec ses délicieux points de vue ; errons sur cette plage où les pêcheurs tirent leurs filets ; regardons les Arabes charger leurs chameaux en dehors des portes ; reposons-nous sous les ombrages du Jardin d’acclimatation, un paradis de fraîcheur, d’ombre et de parfums, qui n’existait pas à notre premier voyage.

Quelle sensation bizarrement exotique produit l’aspect de végétations qu’on ne connaît que par les livres de botanique, poussant en pleine terre ! Il y a au Jardin d’acclimatation une allée de bambous qui nous a fait accomplir en trois minutes le voyage de l’Inde. L’allée de palmiers conduit tout droit aux oasis du Sahara. Rien n’agit aussi fortement sur l’imagination qu’une plante nouvelle. Une haie de cactus, un aloès à cierge, et voilà tout le caractère d’un paysage changé.