Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous n’en sommes pas encore là ; mais déjà il est difficile de faire plus de deux lieues et demie à l’heure en poste, même en payant les postillons au plus haut prix, surtout quand ils sont à cheval ; car l’habitude de conduire sur des siéges les a rendus fort mauvais écuyers pour la plupart.

Cependant, quel que soit le train dont on aille, on finit toujours par arriver, surtout si l’on ne s’arrête jamais.

Laissant Bordeaux et les Landes derrière nous, nous atteignîmes Bayonne, où nous devions prendre la malle espagnole, que nous avions retenue longtemps à l’avance, craignant une affluence énorme de voyageurs ; mais l’évasion du comte de Montémolin et de Cabrera, et la prévision de quelque soulèvement carliste, avaient calmé beaucoup d’ardeurs.

Les versions les plus follement fantastiques circulaient à cet égard dans Bayonne, et, si un long voyage en Espagne, fait à une époque bien autrement dangereuse, ne nous avait pas inspiré une profonde philosophie à l’endroit des récits les plus effrayants, à coup sûr nous eussions rebroussé chemin. Nous partîmes donc au risque d’être emmenés captifs dans la montagne, et de voir envoyer une de nos oreilles à