Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/233

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prunelles nyctalopes, et la tête de Méduse servait d’égide à sa chaste poitrine ; c’était dans cet Olympe débordé une figure pure, idéale et vraiment divine, et, sans établir de rapprochement sacrilége, comme la madone de ce ciel corrompu où tous les vices de la terre avaient leur personnification déifiée. Aussi son temple fut-il le plus splendide de tout le paganisme et celui sur lequel s’épuisa le génie antique dans un suprême effort.

Le Parthénon actuel n’est pas le Parthénon primitif renversé pendant l’invasion des Perses et dont les débris gisent confondus avec le terre-plein de l’Acropole ou sous les constructions de date plus récente. Ictinus et Callicrate élevèrent, pendant le règne de Périclès, ce Léon X de l’Attique, un temple qu’ils firent d’une si radieuse perfection, que le temps semble avoir eu regret de l’entamer, et que, sans la barbarie de l’homme, il serait parvenu intact jusqu’à nous. Les siècles, plus pieux que les peuples, l’avaient respecté comme s’ils eussent eu le sentiment de l’art et qu’ils eussent compris l’impuissance de l’humanité à refaire une semblable merveille : là, en effet, posée sur l’Acropole comme sur un trépied d’or au milieu du chœur sculptural des montagnes de l’Attique, rayonne immor-