Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poids bien diminué aujourd’hui, car le fronton a disparu, et il ne reste plus que la frise.

Deux piliers assez grêles, masqués d’ailleurs par les colonnes, forment l’entrée de la cella. Des trous de scellement, qu’on aperçoit encore, indiquent qu’autrefois une grille fermait à jour le sanctuaire, et laissait voir aux fidèles restés dehors l’image de la déesse placée au fond ; car l’enceinte n’est pas plus grande qu’une chambre ordinaire.

Cette image était en bois, comme presque toutes les statues archaïques. On la vénérait à cause de son ancienneté, et la barbarie même de ses formes imprimait un respect superstitieux qu’on n’eût pas accordé à une œuvre moderne plus belle et plus savante, de même que, chez nous, certaines madones noires sur fond d’or ont auprès du peuple plus de crédit que la plus suave Vierge de Raphaël.

Cette statue ne représentait pas la Victoire Aptère, mais bien Minerve Victorieuse, ou plus littéralement Minerve Victoire (Athéné Niké). La Victoire, être purement allégorique, n’avait pas de temple chez les Grecs. — Les anciens la plaçaient sous la forme d’une figurine ailée dans la main des grands dieux, comme attribut de la toute-puissance : la Minerve du Parthé-