Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/252

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pense, à voir la parfaite conservation des restes qu’ont épargnés les boulets, les bombes, les explosions de poudrières, le pic et le marteau, que toutes ces merveilles nous seraient parvenues intactes sans le vandalisme des vainqueurs et des vaincus, car les siècles roulent comme des gouttes d’eau sur ce pentélique si dur et si poli ; on ne peut s’empêcher d’entrer dans des rages folles, et l’on enveloppe d’une commune malédiction Romains, Byzantins, Français, Italiens, Turcs et Grecs modernes ; car tous ont fait leur ravage, leur profanation et leur insulte.

Les sculptures du temple de la Victoire Aptère, à cause de leur proportion réduite et du peu d’élévation où elles se trouvaient, ont dû particulièrement souffrir ; mais ce qui en subsiste est d’une beauté à faire naître les regrets les plus amers pour ce qui manque. — Deux faces des frises, celles du nord et de l’ouest, ont été enlevées par lord Elgin et se trouvent à Londres. — On les a remplacées par des moulages en terre cuite dont l’un s’est brisé en le posant ; les morceaux en avaient été retrouvés employés comme matériaux dans les murs d’une poudrière turque.

La sagacité des savants et des antiquaires s’est longtemps exercée et s’exerce encore pour deviner quel