Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/255

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sur la frise en ployant ses ailes d’or et en traçant du doigt l’appellation cherchée. L’Histoire ronge ses ongles, mais l’art sourit en voyant cette lutte si bien engagée, ces beaux groupes mouvementés si habilement, toute cette composition si sculpturale. — Ce qu’il y a de certain, c’est que les adversaires sont des barbares asiatiques, des Mèdes ou des Perses, reconnaissables à leur chlamyde, à leur pantalon plissé, à leur parure presque féminine, et qu’on avait d’abord pris pour des Amazones ; les guerriers grecs sont tout nus, sauf une courte et légère draperie qui leur vole à l’épaule, et n’ont rien qui indique une époque plutôt qu’une autre ; la date sculpturale de ces frises serait moins difficile à fixer ; leur style semble appartenir à la période écoulée entre Phidias et Lysippe. L’art, arrivé au plus au point de perfection, ne penche pas encore vers la décadence, mais il se raffine par la nécessité de faire du nouveau et d’éviter les lieux communs célèbres. C’est peut-être pour les raffinés le moment le plus exquis des grands siècles ; le beau a la conscience de lui-même ; il est voulu au lieu d’être spontané, et, quand la tentative a réussi, le but suprême est atteint, l’effort humain ne saurait aller au delà.

Il paraît, d’après les récentes découvertes, que le