Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/261

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c’est ainsi qu’ont été retrouvées tant d’indications précieuses, muettes jusqu’à ce jour.

Sur ces piédestaux, le jeune et savant archéologue a lu les noms de Strongylien, de Sthénis et de Leocharès, l’auteur du Jupiter Tonnant, de l’Apollon au diadème, du Ganymède, le sculpteur qui travaillait aux frises du tombeau de Mausole avec Briaxys et Scopas. Quel étrange amalgame de voir se succéder sur le même quartier de marbre les noms d’une famille athénienne et ceux de César-Auguste, de Germanicus, de Trajan et d’Hadrien !

Nous ne suivrons pas plus longtemps M. Beulé dans ses savantes investigations, où il remet debout cette nation évanouie de statues, et peuple d’une foule d’airain et de marbre cette solitude désolée de l’Acropole dont l’antiquité avait fait comme un petit Dunkerque de chefs-d’œuvre. Il nous faudrait le copier pour dire où s’élevaient le groupe de Minerve frappant Marsyas, le combat de Thésée, la statue de Flavius Conon, l’homme casqué aux ongles d’argent, œuvre de Cléœtas, la Terre suppliant Jupiter Pluvieux, dont l’autel occupait le sommet de l’Hymette, car l’œil du visiteur n’aperçoit qu’un chaos de blocs bouleversés, et il faut la patience d’un antiquaire pour retrouver leurs tronçons