Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chalets à toits immenses, à galeries découpées, à fenêtres maillées de plomb, propres, soignés, confortables, qu’on voudrait emporter et mettre sous verre ; des villages qui semblent sortis d’une boîte de jouets d’Allemagne, et posés au bord de la route ; des collines boisées jusqu’au sommet, avec des éclaircies faisant trouée sur le ciel. Cela continue ainsi jusqu’à Olten ; de là jusqu’à Bâle, le paysage, quoique toujours charmant, n’a plus cette fraîcheur alpestre, ce caractère édénique qui nous ont si vivement frappé. On se rapproche de la plaine, et la terre, moins arrosée, ne verdoie pas autant.

Bâle a l’air moins suisse que Berne. Il y a chez elle de la ville allemande et de la ville anglaise. Ce qui lui donne un cachet particulier, ce sont les marronniers à fleurs roses qui accompagnent ou masquent à demi les façades des maisons dans les rues nombreuses que la boutique n’envahit pas. Qu’on s’y amuse beaucoup, nous en doutons fort ; mais le travail y trouverait une retraite agréable et paisible. L’église de Bâle, assez curieuse, mais bâtie en grès rouge d’Ileilbronn, contrarie d’abord les yeux habitués aux teintes sombres des églises gothiques françaises ; puis l’on s’y fait et l’on admire le saint Martin partageant son manteau avec un pauvre, qui fait pendant à un saint Georges dressé