Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/355

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retraçons l’itinéraire avait pour but de voir une exposition de l’industrie à la Haye. Tel était le motif plausible, honnête et modéré que nous avions donné à notre naïve envie d’être dans un autre endroit que celui où nous écrivons ces lignes.

Puisque tel était le prétexte de notre voyage, nous allâmes donc tout de suite, après dîner, à l’Exposition de l’industrie : c’était sur la place même ; figurez-vous une sorte de temple grec hexastyle, avec grosses colonnes blanches et fronton triangulaire, une de ces façades de bon goût qui peuvent servir également à une église, à une bourse, à un tribunal, à un théâtre, à une salle de concert, à un musée, et même à une Exposition de l’industrie. Mais à peine quelques ballots étaient-ils arrivés, malgré l’activité des promoteurs de cette solennité, qui n’avait pas l’air d’émouvoir beaucoup le flegme hollandais ; l’ouverture de l’Exposition, promise pour le 23 ou le 24, devait être reculée d’un mois ou deux, pour donner le temps de se mettre en mesure à des industriels trop pénétrés du précepte de Boileau : « Hâtez-vous lentement. »

Notre conscience rassurée à cet endroit, notre domestique de place nous suggéra l’ingénieuse idée d’aller à Scheveningue, la promenade favorite de la Haye ; c’était