Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/357

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découvert, et vient presser les tempes et le front de ses oreillettes arrondies ; de chaque côté, à la hauteur de l’œil à peu près, scintillent des spirales d’or semblables à des vrilles de volubilis, des étoiles, des rosaces, ou des carrés d’orfévrerie taillés en miroir ; une zone de mousseline ou de gaze cachant la racine des cheveux comme un bandeau de religieuse, complète la coiffure et laisse transparaître le métal poli du casque. C’est charmant, d’une originalité et d’un caprice exquis. Nous n’avons pas besoin de vous dire que les femmes comme il faut et les bourgeoises sont en chapeau comme chez nous. Pour les femmes, le beau n’existe pas ; il n’y a que la mode, et encore ce qui doit faire conserver aux paysannes cette délicieuse coiffure, c’est que, par bonheur, elle est chère ; y renoncer pourrait sembler plutôt un aveu de pauvreté qu’une preuve de goût.

On gravit une espèce de dune surmontée d’un casino, et la plage de Scheveningue se déroule à vos pieds avec son sable blanc comme du sel ou du grès en poudre, tamisé fin par le vent et la mer. Des bateaux de pêche échoués, à coque bitumineuse, à bordage noir, semblent poser là pour des peintres de marine, et s’arranger au premier plan en repoussoirs.

En ce moment, la mer du Nord tracassait ses vagues