Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/366

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d’étudier à notre aise la richesse et l’originalité de sa coiffure nationale.

Et d’autres vinrent, jolies encore, mais moins jolies cependant, avec des coiffures semblables ou variées par quelque caprice de détail, une marguerite au lieu d’une étoile, des plaques carrées ou en losange à la place de filigranes ; mais, hélas ! faut-il le dire ? toutes portaient sur ce charmant casque d’or un affreux petit chapeau à la mode de Paris, — comme on peut s’imaginer la mode de Paris dans l’Ost-Frise. — Heureusement, ce chapeau était posé tout à fait sur la nuque et ne cachait pas trop les vieilles et magnifiques orfévreries ; nous étions enchanté d’une telle rencontre due à la solennité du jour (la Pentecôte), qui faisait sortir des armoires luisantes et exhiber ces parures caractéristiques qu’on ne porte pas dans la vie ordinaire ; car la civilisation fait disparaître toute différence de peuple à peuple, et, à l’époque où le réseau de fer terminé, l’on pourra aller partout, il n’y aura plus rien à voir nulle part. Peut-être même, l’année prochaine, les voyageurs qui parcourront la Hollande nous accuseront-ils de fantaisie ou de mensonge. Ils ne retrouveront plus les casques d’argent, et les cornes d’or auront fait place à des boucles à l’anglaise.