Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/37

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de la rue au moyen d’une voûte plus ou moins longue ou de plusieurs avances formant l’escalier renversé et communiquant par le sommet

La perpendiculaire est rarement observée dans les constructions algériennes ; les lignes penchent et chancellent comme en état d’ivresse, les murailles se déjettent à droite et à gauche comme si elles allaient vous tomber sur le dos. Rien ne porte, rien n’est d’aplomb. Les maisons, plus larges d’en haut que d’en bas, font l’effet de pyramides sur la pointe. Tout cela s’écroulerait sans doute si des poutres et des perches allant d’un côté à l’autre de ces coupures semblables à des traits de scie dans un bloc de pierre, ne retenaient à distance les murailles, qui meurent d’envie de s’embrasser.

Ce système d’échafaudages et d’arcs-boutants, qui paraît d’abord bizarre et disgracieux, a pourtant son utilité. Ainsi reliées, les maisons se soutiennent mutuellement, sont solidaires les unes des autres, s’épaulent, se tassent, et forment des pâtés laissant peu de prise aux tremblements de terre, qui renverseraient des bâtisses en apparence mieux ordonnées. Si les fenêtres sont les yeux des logis, on peut dire des demeures algériennes qu’elles sont louches, borgnes et souvent aveu-