les chevaux condamnés à mort pour leur indomptable méchanceté.
Il était six heures du soir environ, la chaleur avait perdu de sa force et une légère brume de poussière dorée cerclait l’horizon. Ce brouillard sec, dont les atomes scintillent dans les rayons obliques du couchant sert de vapeur aux pays chauds et leur fait, à de certains instants, cette blonde atmosphère dont Decamps et Marilhat ont tiré de si merveilleux effets ; des nuées de sauterelles roses et vertes partaient brusquement, des haies ou des bouquets d’arbres qui bordaient la route, avec un bruit d’ailes semblable à un vol d’oiseau ; le nombre en était tel, que la crinière de mon cheval et le capuchon de mon burnous avaient besoin d’être secoués tous les cent pas.
Dans les contrées du Midi, il n’y a presque pas de crépuscule. Le soleil, pareil à un charbon rougi qu’on éteint dans l’eau, plonge tout d’un coup sous l’horizon, et, comme les dernières lueurs ne trouvent pas de nuages pour se réverbérer, la nuit arrive subitement.
Nous venions de quitter la route pour couper à travers champs, le haouch de Gerouaou étant situé au milieu des terres. Nous traversions dans l’obscurité une espèce de plaine disposée pour une plantation d’ar-