Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/92

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saoua, il serait peut-être bon de dire ce que c’est que les aïssaoua.

L’Afrique compte dans sa population musulmane un assez grand nombre d’ordres, ou plutôt de congrégations, qui rappellent les confréries religieuses de l’Europe. Les affiliés à ces sectes se nomment khouan, ce qui veut dire frères. On en compte plusieurs en Algérie qui, presque toutes, tirent leur origine du Maroc. Les principales sont les confréries de Sidi-Abd-el-Kader-el-Djelali, de Mouleï-Taïeb, de Sidi-Mhammet-ben-Abd-er-Rhaman, de Sidi-Ioussef-Hansali, de Sidi-Hamet-Tsidjani et celle de Sidi-Mhammet-ben-Aïssa, le fondateur de l’ordre des aïssaoua.

La légende de cet Aïssa, mort il y a trois cents ans à peu près, est assez curieuse. C’était un pauvre homme de Meknès, dans le Maroc ; ses enfants et sa femme n’avaient pas à manger tous les jours ; mais, doué d’une foi à toute épreuve, Aïssa comptait uniquement sur Dieu pour sortir de cette misérable situation. Or, un jour qu’il avait prolongé sa prière à la mosquée et qu’il rentrait tristement au logis, pensant que sa famille affamée allait lui demander une nourriture qu’il ne rapportait pas, il vit une cuisse de mouton en train de cuire au foyer et tous les apprêts d’un repas succulent. Dans sa