Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/175

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revient ; je me réinstallerai l’année prochaine.

On ne voulait pas la contrarier, mais aussitôt la porte refermée sur elle, les chères camarades de se dire entre elles :

— Cette pauvre Lucienne ; elle est plus malade qu’elle ne le croit ! En tout cas, avec la mine qu’elle a maintenant, il est peu probable qu’elle fasse fortune.

En descendant l’escalier d’une de ses amies, Lucienne se croisa avec un acteur qu’elle connaissait. Il montait, le chapeau en arrière, le cigare aux lèvres enjambant quatre marches à la fois. Il s’arrêta court en voyant la jeune Femme, et, après l’avoir considérée un instant, il s’écria avec une bonhomie brutale :

— Eh ! bon Dieu ! pauvre petite, que l’est-il donc arrivé ? Ma chère, tu as dix ans de plus qu’il y a trois mois !

Lorsqu’elle rentra chez elle le soir, Lucienne était lasse, mais contente de sa journée.

Le lendemain, elle fit encore d’autres courses, non plus pour des adieux, mais pour des payements, des emplettes et des informations.

Elle pressa, le plus qu’elle put, la vente de son mobilier, de sa garde-robe et de ses bijoux. Mais ce ne fut que huit jours après son arrivée que ses meubles furent enfin transportés à l’Hôlel des ventes.

Ses dettes payées, il resta à Lucienne quatre-vingt mille francs.

— Ce pourrait être une dot ! se dit-elle d’abord.