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V


Quelques jours plus tard, Lucienne, dont la gaieté n’était pas revenue, travaillait, auprès de madame Després, à un ouvrage au crochet que Jenny lui avait appris à faire.

C’était sur la terrasse du casino ; la musique de l’orphéon résonnait bruyamment ; le ciel était pur, mais il ventait un peu, la tente de toile claquait sur les traverses de bois.

M. Provot était allé faire une partie de billard avec Adrien.

Jenny surveillait son élève du coin de l’œil ; souvent elle lui arrachait l’ouvrage des mains.

— Quelle tête dure ! s’écriait-elle ; et elle corrigeait une erreur, puis lui rendait le crochet en riant.

Lucienne s’efforçait de ne plus commettre de fautes, mais sa pensée était ailleurs.

Madame Després l’observait depuis quelque temps ; cette mélancolie donnait à son maintien quelque chose de réservé et de modeste qui plaisait beaucoup à la mère de Jenny et la faisait revenir sur la mauvaise impression que lui avait d’abord causée