Page:Gautier - Mémoires d'un Éléphant blanc, Armand Colin et Cie, 1894.djvu/108

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bien que la grue cessa de vivre. L’écrevisse prit ensuite le cou de la grue et tout doucement retourna à l’étang.

— Ah ! écrevisse, pourquoi es-tu revenue ? demandèrent, en la voyant, les animaux aquatiques, s’est-il montré quelque présage ? Et la grue, pourquoi tarde-t-elle ? Nous sommes tous chagrins de ne pas la voir paraître.

Lorsqu’ils eurent ainsi parlé, l’écrevisse dit en riant :

— Sots que vous êtes ! cette menteuse a trompé tous les poissons, les a jetés pas bien loin d’ici sur un roc, et les a mangés. Aussi, comme je devais vivre encore, j’ai deviné la trahison de cette traîtresse et je lui ai coupé le cou. N’ayons donc plus aucune crainte ; tous les animaux aquatiques seront désormais heureux…


C’était là, n’est-ce pas, une bien jolie fable ?