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Chapitre XVIII

LA PUNITION

Le soleil se coucha ; elle revint lentement vers la berge et s’apprêtait à remonter, quand elle poussa un cri perçant et mit ses deux mains devant sa bouche en tremblant de tous ses membres : je suivis la direction de ses yeux ; un grand frisson me traversa à mon tour quand j’aperçus, roulé dans les grandes herbes, un serpent de l’espèce la plus dangereuse, qui guettait Parvati pour s’élancer sur elle dès qu’elle aurait mis le pied sur la rive.

Oh ! comme je fus puni alors de ma coupable pensée ! L’inquiétude qui me brûlait le cœur en voyant Parvati en danger, me fit comprendre combien devaient souffrir Saphir-du-Ciel et Alemguir, en ne voyant pas revenir leur fille bien-aimée, à l’heure accoutumée. J’étais donc redevenu une brute égoïste ? un être sans réflexion ? un simple élé-