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Page:Gautier - Mémoires d'un Éléphant blanc, Armand Colin et Cie, 1894.djvu/136

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qu’il sera malheureux, et l’artisan de son malheur, à cause d’un sentiment trop humain.

Un grand silence régna après ces paroles prophétiques. Parvati était tout émue et moi je n’osais pas relever la tête. Je me reculai même, découvrant la porte que j’obstruais de mon corps.

Alors une clarté douce et vive, couleur de turquoise et d’émeraude, entra dans la cabane. L’orage était fini et la pleine lune, dans un ciel où fuyaient encore quelques nuages, venait de se lever. Les fleurs et les feuillages, ravivés par la pluie, embaumaient.

— Partez, mes amis, dit alors l’anachorète d’une voix très douce ; l’orage vous a servis. Ceux qui vous attendent ne sont pas aussi inquiets qu’ils auraient pu l’être ; se fiant à la sagesse de l’éléphant, en qui ils ont toute confiance, ils croient qu’il s’est abrité de l’orage, et que c’est cela seulement qui cause votre retard. Allez, la lune éclaire comme en plein jour. Que le roi et la reine de Golconde ne sachent jamais la vérité.