Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/103

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la fille était charmante, — nous dit que c’était « un caméléon ».

Lola, prenant en pitié notre ignorance et voulant mettre en relief son savoir zoologique, nous dit d’un petit air capable : « Ces bêtes changent de couleur selon l’endroit où elles se trouvent, et elles vivent d’air (se mantienen de ayre) ».

Pendant ce court entretien, les caméléons (il y en avait deux) continuaient leur ascension le long de la ficelle. On ne saurait rien imaginer de plus comique. Le caméléon, il faut l’avouer, n’est pas beau ; et quoique la nature, dit-on, fasse bien tout ce qu’elle fait, en s’appliquant un peu, il nous semble qu’elle eût aisément pu produire un animal plus joli. Mais, comme tous les grands artistes, la nature a ses fantaisies, et elle s’amuse parfois à modeler des grotesques. Les yeux du caméléon, presque entièrement sortis de la tête