Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

prochant, ne manquait pas de répondre.

Elles se présentaient au harnais avec une docilité étonnante, et allaient se ranger d’elles-mêmes près du timon à la place assignée. Comme tous les animaux qu’on aime et qu’on traite bien, Jane et la Blanche devinrent bientôt de la familiarité la plus confiante ; elles nous suivaient sans laisse comme le chien le mieux dressé, et, quand nous nous arrêtions, mettaient, pour se faire caresser, le museau sur notre épaule. Jane aimait le pain, la Blanche le sucre, toutes deux à la folie les écorces de melon ; et, pour ces friandises, il n’est pas de tours qu’on n’en eût obtenus.

Si l’homme n’était pas odieusement féroce et brutal, comme il l’est trop souvent envers les bêtes, comme elles se rallieraient de bon cœur à lui ! Cet être qui pense, parle et fait des actions dont le sens leur échappe, occupe leur pen-