Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/71

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chements. Nous trouvons aussi les chiens un peu inquiétants ; ils ont des regards si profonds, si intenses ; ils se posent devant vous avec un air si interrogateur, qu’ils vous embarrassent. Gœthe n’aimait pas ce regard qui semble vouloir s’assimiler l’âme de l’homme, et il chassait l’animal en lui disant : « Tu as beau faire, tu n’avaleras pas ma monade. »

Le Pharamond de notre dynastie canine se nommait Luther ; c’était un grand épagneul blanc, moucheté de roux, bien coiffé d’oreilles brunes, chien d’arrêt perdu, qui, après avoir longtemps cherché ses maîtres, s’était acclimaté chez nos parents demeurant alors à Passy. Faute de perdrix, il s’était adonné à la chasse aux rats, où il réussissait comme un terrier d’Écosse. Nous habitions alors une chambrette dans cette impasse du Doyenné, disparue aujourd’hui, où Gé-