Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/83

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lumière et de faire connaître le mystère de son talent. La cour de la maison était fermée, d’un côté, par une grille assez large pour permettre à des chiens d’embonpoint médiocre de s’y introduire aisément. Un matin, quinze ou vingt chiens de ses amis, fins connaisseurs sans doute, à qui Zamore avait envoyé des lettres d’invitation pour son début dans l’art chorégraphique, se trouvèrent réunis autour d’un carré de terrain bien uni, que l’artiste avait préalablement balayé avec sa queue ; et la représentation commença. Les chiens parurent charmés et manifestèrent leur enthousiasme par des : Ouah ! ouah ! ressemblant fort aux bravos des dilettantes de l’Opéra. Sauf un vieux barbet assez crotté, et de piteuse mine, un critique sans doute, qui aboya quelque chose sur l’oubli des saines traditions, tous proclamèrent que Zamore était le Vestris des chiens et le diou de