Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/86

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que l’anglais, parut comme hébété. Il ne comprenait pas les ordres qu’on lui donnait ; dressé avec les go on et les come here, il restait immobile aux viens et va-t’en français : il lui fallut un an pour apprendre la langue du nouveau pays où il se trouvait et pouvoir prendre part à la conversation. Kobold était très-sensible à la musique et chantait lui-même de petites chansons avec un fort accent anglais. On lui donnait le la au piano, et il prenait le ton juste et modulait avec un soupir flûté des phrases vraiment musicales et n’ayant aucun rapport avec l’aboi ou le jappement. Quand on voulait le faire recommencer, il suffisait de lui dire : « Sing a little more », et il reprenait sa cadence. Nourri le plus délicatement du monde, avec tout le soin qu’on devait naturellement prendre d’un ténor et d’un gentleman de cette distinction, Kobold avait un goût