Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/33

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avait l’air sérieux, et, en se dirigeant vers le salon elle murmurait, comme pour se la remémorer, cette phrase bizarre : « presser l’œil gauche du sphinx de droite. » Avant d’entrer, se sentant sans doute un peu pâle, elle lira de sa poche une petite pomme d’api en ivoire, qui se dévissait par la moitié, y prit une houppe chargée de rose et se la passa sur les joues.

Après la distribution obligatoire de saks-hands et les baisers posés sur le dos d’une main assez commune, travaillée par les unguicures, Dafné donna le bras au pair d’Angleterre, et l’on passa dans la salle à manger ; une haute salle décorée d’une fresque assombrie par le temps et représentant le banquet des dieux, œuvre de quelque élève de Jules Romain, si ce n’est de Jules Romain lui-même. Cette fresque, qui régnait tout autour de la salle, échancrée par la porte et une fenêtre unique, aux amples rideaux de