Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fallait boire, les plats dont il valait mieux goûter, elle se penchait vers lui presque tendrement, lui chuchotait à l’oreille des choses qu’elle aurait bien pu dire tout haut, et à la moindre plaisanterie de Lothario elle riait, aux éclats, montrant ses belles dents jusqu’aux gencives et se renversant sur le dos de sa chaise, de façon à mettre en relief les trésors d’une poitrine fort blanche et fort bien meublée, comme disaient nos bons aïeux dans leur style galantin et léger ; souvent elle posait son bras nu contre la manche de Lothario, qui se blanchissait à la poudre de riz. Aujourd’hui on s’en farine près des nymphes comme près des meuniers.

Le repas était fin et délicat. On ne mange plus que chez ces créatures qui ont à réveiller tous les blasements, ceux du cœur et ceux de l’estomac. Le vin de Champagne de la veuve, comme on dit quand on veut mériter l’estime des garçons de cabinet, s’y frappait dans des ca-