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Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/43

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noire me ferait assassiner ainsi qu’elle me l’a promis ou me donnerait une boulette comme à un caniche. »

Elle en était là de son monologue, lorsque Lothario rentra. Aussitôt elle prit avec une rapidité qui eût fait honneur à une grande comédienne une physionomie tendre, amoureuse, enivrée, et en quelques phrases mêlées de soupirs flûtés et de regards fondants, elle sut persuader au jeune prince qu’elle l’adorait depuis longtemps, depuis ce jour où elle l’avait rencontré aux cascines de Florence et qu’elle était bien malheureuse, elle, pauvre fille perdue, d’avoir porté ses vœux si haut et d’aimer un être noble et pur, qui ne pouvait avoir que du mépris pour elle.

Ces choses, même quand on n’y croit pas, sont toujours agréables à entendre, surtout si elles sortent des lèvres d’une jolie femme, prête à prouver son repentir par une nouvelle faute et à jeter en votre faveur la blanche robe d’innocence qu’elle